La Voie Qadria
Les Groupements Religieux
Histoire du Fouta-Djallon
Des origines au XXe siècle
Thierno Mamadou Bah
Origine du peuple Foula ou Peul
Origine du nom Peul
Les Peuls dans le désert
Première invasion du Fouta-Djallon: Les Poulis
Deuxième Invasion du Fouta-Djallon
La conquête du Fouta-Djallon par les Peuls
Mise en place des clans peuls du Fouta-Djallon
Le premier Congrès de Fougoumba
Portrait des Chefs de la Djihad
Le deuxième congrès du Fouta-Djallon à Timbi-Touni
Le Fouta après le deuxième congrès
La delimitation des diiwe par le Chefs
Mode d'élection et de couronnement de l'Almamy du Fouta
La mort de Karamoko Alfa
L’Islam j'usqu’à la fin du règne d’Almamy Ibrahima Sory
Décès d'Alfa Mamadou Cellou dit Karamoko Alfa mo Labé
Des Almamys et des Chefs des Diiwe
Quelques compagnons illustres de Alfa Mamadou Cellou
La vie économique depuis l'invasion du Fouta par les Poulis
Les groupements religieux
La justice
L'enseignement
L'information
Almamy Samory et le Fouta-Djallon
Fondé par Cheikh Abdoul Ghadiri Jiaylani, la Qadria est la voie la plus ancienne introduite dans le Fouta. Après les
premiers conquérants, elle fut peu développé chez les Peuls. Par contre les Diakankés, sous la direction
de Karamba Gassama de Touba, qui fut initié avant son arrivée dans le Fouta, en furent des adeptes fervents.
Le Groupement de Touba
De Dienné où il avait fait ses études religieuses, Karamba Gassama était d'abord venu à Kankan, puis à Timbo.
Sur l'autorisation de l'Almamy et de l'Alfa mo Labé, il fonda le village de Touba Bakoni, dans le Woora (Mali). Mais
par suite des incursions que ses voisins tandas faisaient dans son village pour tuer ses talibés et piller leurs biens, il
dut abandonner ce village et s'installer dans le Binâni (Gaoual) où il créa un nouveau village qu'il appela encore
Touba.
Il y mourut à l'âge de 89 ans. Il laissa 12 enfants dont le sixième, Mamadou Taslimi, hérita de sa science et resta
fidèle à la Qadria, qui fut adoptée par tous les élèves de son école. Cet héritier fut, comme son père, un savant et,
sous son autorité religieuse, la Qadria fut aussi florissante qu'à l'époque du défunt. Lors d'un voyage qu'il effectua
dans le Sahel, il reçut une confirmation de son affiliation par Cheick Abdoul Latif Kounti ainsi que par Mohamed
Khalif, fils de Cheick Sidia el Kabir de Trarza (Mauritanie). A la mort de Mamadou Taslimi, le plus brillant de ses
fils, Karamoko Koutoubou prit sa succession.
Né vers 1830, Karamoko Koutoubou, du nom arabe Abdoul Gadiri, reçut de son père l'initiation à la Qadria. Il quitta
Touba une seule fois, en 1860, pour un voyage en Mauritanie où il fut confirmé par Cheick Sidia el Kabir. A son
retour à Touba, il lança une grande campagne afin d'élargir les horizons de la Qadria et, grâce à ses connaissances
et ses vertus, le rayonnement de son Wird grandit. Tout les étudiants et les Dioula colporteurs s'y affilièrent et Touba
prit un essor remarquable pour devenir la ville sainte de la région. C'est depuis que le marabout fut surnommé
Karamoko Koutoubou (pôle d'attraction). Il mourut en 1905, laissant neuf enfants ; c'est le second, Mamadou
Taslimi, surnommé Karamoko Sankoun, qui le remplaça à la tête de la confrérie et hérita de son influence spirituelle.
Karamoko Sankoun fit ses études auprès de son père Karamoko Koutoubou qui lui donna un enseignement très
solide. Dès la fin de ses études supérieures, il ouvrit une école à Touba ; et depuis, son père se reposa sur lui et lui
confia les cours qu'il donnait à ses talibés. Sa réputation de savant et de maître incontesté ne cessa de grandir dans
tout le Fouta. Les habitants de Touba se réjouirent d'avoir un successeur aussi vaillant et aussi digne pour continuer
l'oeuvre de leur vénéré maître, Karamoko Koutoubou.
Karamoko Sankoun reçut l'initiation à la Qadria des mains de son père et après la mort de celui-ci, il rendit visite à
Cheick Sidia en Mauritanie, avec le désir de faire confirmer cette initiation. Il obtint satisfaction et à son retour à
Touba, il reprit la distribution du Wird à tous ceux qui venaient à lui. Dans le Touba et dans les environs immédiats
de la Casamance, de la Gambie et de la Guinée portugaise, la Qadria se répandit.
Karamoko Sankoun, comme son père, eut de très bonnes relations avec Alfa Yaya, roi du Labé, auquel ils servirent,
tous deux, de conseillers. Ils usèrent de leur influence religieuse pour s'entremettre dans les conflits entre le roi et
ses sujets. Aussi, Alfa Yaya leur témoigna-t-il un grand dévouement et une sincère amitié.
Mais, en 1910, Karamoko Sankoun fut compromis dans l'affaire du Wali de Gomba. Il fût arrêté le 30 mars 1911
avec plusieurs parents pour être interné à Port Etienne (actuellement Nouadhibou), en Mauritanie, où il retrouva son
ancien ami, Alfa Yaya et son fils, qui l'y avaient devancé, ainsi d'ailleurs que les anciens talibé du Wali de Gomba.
Ensemble, ils formèrent une petite colonie d'exilés dont la direction religieuse fut confiée a Karamoko Sankoun.
L'arrestation de ce maître porta un coup sérieux à la Qadria qui connut un net recul. La Tidjania introduite au Fouta
finit par s'imposer et, en peu de temps, les Diakankes restèrent seuls fidèles à la Qadria.