L'Origine du Peuple Foula ou Peul
Histoire du Fouta-Djallon
Des origines au XXe siècle
Thierno Mamadou Bah
Origine du peuple Foula ou Peul
Origine du nom Peul
Les Peuls dans le désert
Première invasion du Fouta-Djallon: Les Poulis
Deuxième Invasion du Fouta-Djallon
La conquête du Fouta-Djallon par les Peuls
Mise en place des clans peuls du Fouta-Djallon
Le premier Congrès de Fougoumba
Portrait des Chefs de la Djihad
Le deuxième congrès du Fouta-Djallon à Timbi-Touni
Le Fouta après le deuxième congrès
La delimitation des diiwe par le Chefs
Mode d'élection et de couronnement de l'Almamy du Fouta
La mort de Karamoko Alfa
L’Islam j'usqu’à la fin du règne d’Almamy Ibrahima Sory
Décès d'Alfa Mamadou Cellou dit Karamoko Alfa mo Labé
Des Almamys et des Chefs des Diiwe
Quelques compagnons illustres de Alfa Mamadou Cellou
La vie économique depuis l'invasion du Fouta par les Poulis
Les groupements religieux
La justice
L'enseignement
L'information
Almamy Samory et le Fouta-Djallon
Les historiens et les chercheurs ethnologues qui ont poussé leurs investigations sont, dans leur majorité, d'accord
que le peuple foula est d'origine sémitique. En effet, les divers livres, documents, récits de voyage et rapports a
ministratifs que j'ai eu l'occasion de lire et relatant la question, ont tous apporté des preuves suffisantes à l'appui de
leur conclusion. Un de ces éminents ethnologues, Edmond D. Morel, Directeur de la West Africa Meil de Londres,
dans son livre Problèmes de l'Ouest Africa, traduit en français par A. Duchène soutient que, vers l'an 2000 avant
J.C., l'Egypte, alors sous la dynastie thébaine, fut envahie par des hordes nombreuses d'Asiatiques, amenant avec
eux leurs troupeaux de boeufs et de moutons. Ces nombreuses tribus belliqueuses et avides de conquêtes, afin de
trouver des terres pour élever leurs troupeaux, leur richesse unique, se précipitèrent sur la vallée fertile du Nil.
Connues sous le nom de « Hyksos ou rois pasteurs » elles engagèrent une lutte sanglante et réussirent à s'établir
définitivement dans la Basse-Egypte et, peu à peu, étendirent leur domination sur la Haute-Egypte dont, néanmoins,
elles ne purent se rendre complètement maîtresses. Leur suprématie dura environ cinq siècles. Elles furent
finalement renversées du pouvoir et chassées du pays par les représentants de l'ancienne dynastie thébaine. A la
recherche de terres nouvelles, pour l'élevage de leur bétail, elles se dispersèrent dans le pays, les unes suivant le Nil
en se rendant vers le sud, les autres s'enfonçant dans les régions de l'Ouest. Elles évitèrent ainsi leur retour sans
gloire dans le pays d'où elles étaient venues. Car, pendant leur séjour en Basse-Egypte, elles s'étaient unies aux
autoclitones et avaient contracté des mariages avec eux. Ces liens de famille les attachaient donc à l'Afrique et elles
en étaient devenues les enfants adoptifs. En même temps qu'elles pratiquaient l'élevage, elles cultivaient les terres,
d'où leur appellation de « Fellah » qui a donné naissance au mot « Foula ».
L'arrivée de ces Hyksos dans la Basse-Egypte fut, d'après ce même auteur, approximativement contemporaine de
l'émigration juive qui eut lieu, sous l'invitation du souverain de l'Egypte dont le Prophète Joseph fut l'intendant.
Les Juifs occupèrent la partie Est de l'Etat.
Avec les Hyksos, qui sont comme eux, d'origine asiatique, ils n'hésitèrent pas à prendre contact et eurent, entre eux,
des relations matrimoniales soutenues.
A l'effondrement de la dynastie des Pharaons, au temps du Prophète Moïse, les juifs ne tardèrent pas à rejoindre les
Hyksos dans leur nouveau refuge, pour continuer avec eux la poursuite du chemin à la recherche des pâturages.
Ainsi, les deux races qui se sont rencontrées dans le malheur formèrent la même famille.
Suivant la thèse européenne, c'est cette famille qui forma le peuple Foula lequel, pendant des siècles, ne put se fixer
sur un point définitif.
D'après la thèse africaine, rapportée par Thierno Aliou Boubha Ndiyan, dans son Précis d'Histoire du Fouta-Dialô
écrit en 1915, c'est dès l'an 42 (644) de l'Hégire que l'islam fit son apparition en Egypte et, comme nous le dit
Thierno Aliou Boubha Ndiyan, dans son ouvrage, le deuxième Khalif Saïdina Oumar Boun Khattab chargea son
Représentant en Egpypte, Amrou Boun Ass, d'étendre la nouvelle religion dans tout le pays. Il lui prescrit d'employer
la force lorsque le besoin se fera sentir et de soumettre les réfractaires à l'impôt. Ce fonctionnaire s'acquitta de
cette mission avec doigté. Il arriva même de poursuivre les Egyptiens pasteurs-nomades dans le désert. Le Chef de
cette tribu le reçut avec considération. Dès qu'il lui exposa l'objet de sa visite, tous ses sujets répondirent avec
enthousiasine et embrassèrent l'islam. Amrou Boun Ass resta avec eux pendant un certain temps pour leur
enseigrier les principes fondamentaux de la religion. Quand il décida de prendre congé deux le roi lui demanda de
lui laisser un maître pour noursuivre l'enseignement à ses administrés. Son compagnon Ougbatou Boun Yâssin était
tout désigné. Celui-ci s'acquitta consciencieusement de sa tâche et lorsqu'il conquit l'estime et la confiance du
peuple, le roi lui accorda, en récompense, la main de sa fille en mariage. Cette heureuse union occasionna la
naissance de quatre garçons:
- Le premier, nommé Rou'ouroubou ou Ou'ouroubou, fut le père des Ourourbhe
- Le deuxième, Wouye, fut le père des Ferobbhe
- Le troisième, Bodhewal, fut le père des Dialloubhe
- Le quatrième, Da'atou, fut le père des Dayeebhe.
Ce sont les descendants de ces quatre garçons qui formèrent le peuple Foula.
Des deux thèses qui précèdent, il ressort que les Foula sont d'origine sémitique, nés d'un Arabe venu du Hadjaz et
d'une mère descendante d'un père pasteur (Hyksos).
D'ailleurs, pour soutenir l'attribution à ce peuple d'une origine orientale, Edmond D. Morel fonde son avis sur des
études anthropomé triques ou plutôt crâniologiques qui sont d'un extrême intérêt. Bien que ces études aient été peu
développées, elles fortifient, d'une manière appréciable la thèse orientale. Le Docteur Verneau, dont la réputation
comme anthropologue est bien établie, publie, au début du XXe siècle, le résultat de l'examen auquel ont été
soumis cinq crânes de chefs foulas originaires du Fouta-Djallon. Les trois premiers appartiennent à des
personnages connus de leur vivant aux autorités françaises de l'époque. Les deux autres auraient été apportés en
France par le Docteur Maclaud qui avait séjourné à Timbo en 1898 comme Résident de France. Il avait beaucoup
voyagé parmi les Foulas. Aucun de ces personnages, dit l'auteur cité, n'était un Peul de sang pur. Celui qui se
rapprochait le plus du type oriental était un condamné a mort par les Français. Sur le crâne de cet individu, le Dr
Verneau s'exprime ainsi : « D'après les éléments distinctifs de son crâne et de sa face, au type pentagonal cintré
qu'on rencontre dans la population de l'Egypte ». Sur deux autres parmi les examinés, le Dr Verneau fait les
remarques suivantes:
« Leurs possesseurs avaient sans doute une certaine dose de sang nègre dans les veines d'où résultaient un
épaississement de l'ossature et un prognathisme accentué, c'est-à-dire des mâchoires avancées. Néanmoins, ces
deux chefs n'étaient pas des nègres. La largeur du front, le dessin très net des os du nez, les proportions du nez lui-
même et la forme du menton excluent toute connexion avec la race nègre. »
Sur les deux crânes restants, le Dr Verneau conclut ainsi :
« Je n'insiste pas davantage sur les caractères céphaliques de ces deux Peuls de race profondément croisée.
J'observerai simplement que malgré ces croisements, ils offrent deux formes de crânes, crânes que nous
rencontrons partout où l'influence des Ethiopiens s'est fait sentir. »
Par ailleurs, le Dr Blyden, qui visita Timbo, la capitale du Fouta-Djallon, à la fin du XIXe siècle et qui, comme le
docteur Bayol et tant d'autres voyageurs européens, fut profondément intéressé par ce qu'il fit parvenir au
Gouvernement de l'époque:
« En entrant dans une ville peule, la première chose qui frappe un étranger est l'aspect caucasien des traits dit
visage, surtout parmi les habitants les plus âgés ; et pourtant, quelquefois, parmi les enfants nés de parents ayant
tous les caractères physiques de la famille sémitique ; on voit réapparaître le type nègre indélébile. Il est évident que
s'il y a là, parmi ce peuple, une forte dose de sang étranger, on trouve aussi l'influence d'une race puissante qui a
complètement assimilé les éléments du dehors et c'est par là que s'explique l'extrême fierté que les Foulas
conservent de leur origine.»
Et Edmond D. Morel de conclure : « Les Foulas, au nez aquilin, au cheveux plats, aux lèvres relativement minces, à
la taille élancée, au teint cuivré ou bronzé, au crâne développé, aux teints à l'antimoine, aux mouvements gracieux,
aux formes élégantes dont toute la personne est remplie de charme et d'attrait, sont des Asiatiques. Ils sont les
descendants directs des Hyksos qui ont émigré vers l'ouest à la chute des pasteurs conquérants. Leurs coutumes
conservent le souvenir de leurs ancêtres ayant subi l'influence du peuple d'Israël dont la présence dans le delta du
Nil est contemporaine de la domination des Hycsos. Leur arrivée en Afrique remonte, au moins, à deux mille cinq
cents an.»
Thierno Mamadou Bah - Histoire du Fouta-Djallon - Des origines au XXe siècle