Thierno Souleymane Timbi

Lors du premier congrès de Fougoumba, deux marabouts répondirent au nom de Tïmbi-Touni : Thierno Souleymane

de la famille Hélayabhe et Tierno Ciré de la famille N'Douyébhe. Thierno Souleymane est de même père que Alfa

Saliou Balla. Ils sont de la famille Bah. Après le congrès, tous deux rentrèrent à Tïmbi-Touni pour continuer le combat

contre les païens et pour l'installation de l'islam dans la région. Certes tous deux étaient animés de bons sentiments

pour la religion, mais il était difficile que deux chefs commandassent en même temps, le même diiwal. Thierno

Souleymane réussit à éliminer son compagnon en l'accusant de faute grave et infamante. C'est pourquoi Thierno

Ciré ne peut assister au deuxième congrès du Fouta à Timbi-Tounni où Thierno Souleymane fut confirmé comme le

seul dirigeant de la province. Pendant toute la vie de Thierno Souleymane, le diiwal de Timbi-Touni resta uni et

personne ne contesta son commandement, qui s'étendit de la rivière Téné jusqu'à Ra Ponka (Rio Pongo). Il fit la

guerre aux Djallonké avec succès. Lorsqu'il arriva dans le pays, il était avec un notable qui lui était très dévoué. Ce

notable Alfa Diâwo Diallo, de la famille Diâloyâbhe originaire de Kankalabé et y ayant commis un crime avait

demandé la protection de Thierno Souleymane et vivait réfugié chez lui. Alfa Diawo Diallo resta très fidèle et affable.

A cause de leurs relations, Thierno Souleymane faisait héberger chez lui tous les chefs de Kébou qui venaient lui

rendre visite. Mais un fils d'Alfa Diâwo Diallo, avant été surpris avec la femme d'un notable, fut lapidé avec cette

femme. Tous deux furent enterrés sous un tas de pierres qu'on montre encore près de Timbi-Touni.

Alfa Diawo Diallo, très affligé par ces deux exécutions, demanda à Thierno Souleymane de changer de domicile et

obtint l'autorisation de s'installer sur l'autre côté de la rivière Fétôré, à quelques kilomètres de Timbi-Touni. En se

séparant de son compagnon, Thierno Souleymane lui dit : « Mâ Dîna » (c'est la religion seule qui compte). Alfa

Diâwo Diallo s'installa confortablement, construisit une mosquée et appela son village « Mâ Dîna » en souvenir du

conseil de son chef de diiwal. Depuis le départ d'Alfa Diâwo Diallo, chaque fois que les Kébou venait à Timbi-Touni,

Thierno Souleymane continua à les faire héberger par Alfa Diâwo Diallo, à Mâ-Dina. C'est ainsi que ce district

devint vassal de Madina. Et c'est également ainsi que les habitants finirent par désigner deux Tirnbis : Timbi-Touni

et Timbi-Madina. Au décès de Thierno Souleymane, il fut remplacé par son fils Thierno Amadou Mawɗ0 qui continua

son œuvre. Il fut un sage qui maintint l'union. Il créa des sous-provinces dont il remit le commandement à ses

parents. Le diiwal compta les districts suivants:

Timbi-Touni

Timbi-Mâdina

Bourouwal-Tappé (appelé ainsi parce qu'autrefois il existait près du village une petite brousse où il y avait un rocher

portant trois trous qui se projetaient des cailloux qui se cognaient et retombaient ensuite dans les trous)

Maci (désigné par ce nom par un marabout venu du Macina)

Bomboli

Thierno Amadou Mawɓo fut remplacé à sa mort par Alfa Ibrahima qui ne resta pas longtemps chef parce que

contesté par son frère aîné Thierno Maadiou Mawdho. Afin d'éviter une bataille dans la famille, Thierno Maadiou

s'était rendu à Timbo pour soumettre la question aux Almamys qui: lui donnèrent raison et destituèrent Alfa Ibrahima. …
Thierno Mâadjou Mawdho fut déclaré successeur légal d'Alfa Amadou Mawdho.

Dans la fureur, Alfa Ibrahima se retira et utilisa tout pour intriguer contre le chef titulaire. Mais, Thierno Mâadiou, trop

pris par les guerres contre les fétichistes ne fit pas attention aux intrigues du frère. Pendant la guerre qu'il engagea à

Bantinhel, il faillit y succomber. Il échappa grâce à des guerriers venus du Labé à son secours. Poursuivant la guerre

sainte, il conquit à l'aide, de son frère Sory Bambaya, le Rio Pongo. Il créa le centre de Bambaya. A partir de cette

époque, la situation devint de plus en plus trouble dans le diiwal. Mais, malgré tout, la province resta sous le

commandement des descendants de Thierno Souleymane. Les chefs des districts gardèrent une position de

révoltés, car les manœuvres d'Alfa Ibrahima avait réussi à semer la haine et la jalousie, pendant tout le temps qui

suivit l'avènement de Thierno Mâadiou Mawdho.


Thierno Mamadou Bah - Histoire du Fouta-Djallon - Des origines au XXe siècle