Biographie

 

Thierno Abdourahmane Bah

1916 - 2013


 

 

 

 

"Ko onon yo mussibbhe si dhon faalaa

hettaade e rindhude hetta bhural,

Jangee jannon jibinaabhe mo'on

neiron bhe farilla e sunna dewal;

Jannee Ghur'aana gedhalbhe mo'on

wallon no bhe andira kuudhe dewal;

Janneebhe faransi ko dhun si bhe

anda ko honno bhe nawrata huuwondiral.

Wata aaden aamu <<depansude>> jawdi

mu'un fow fii yo o jannu gedhal.

Ko mo jangii tun si o faamondiree.

Ko mo jangii tun si o feewa dhatal."

Thierno Abdourahmane
Labe Nyande 1 Maarasi 1946

El hadj Thierno Abdourahmane Bah est, en cette fin de siècle, l'un des représentants les plus

éminents de la science Islamique et de la culture peule en Guinée, l'un des meilleurs produits de

l'école coranique classique du Fouta-Djallon.               

Il est l'avant-dernier des neufs fils de Thierno Aliou Boûbha-NDiyan qui ont laissé une postérité.

Thierno Aliou fut; au début de ce siècle, et reste encore un des représentants les plus marquants de

la culture foutanké. Thierno Abdourahmane est né à Labé en 1916, Précisément à Donhol-

Thiernoyâ, troisième des quatre garçons de nênan  Maryama Fadi, décédée plus que centenaire en

1978. Dans le clan, les garçons prénommés comme lui sont, dès leur baptême, appelés Thierno, par

respect pour l'ancêtre Thierno Abdourahmane NDUYÊJO, fils d'immigré Thierno Malal

JÂFOUNANKE, le premier imam de Labé, charge qui lui avait été confiée par Karamoko Alfa, et qui

depuis lors, a été assurée presque sans interruption par ses descendants.

La notoriété d'une personne fait de celle-ci un objet d'interrogations pour ses contemporains, et

aussi pour la postérité à qui cette notoriété parviendra. Cette personne, produit social de sa

communauté et de son époque, en devient un représentant dans la mémoire de celle-ci, et partout

où la renommée portera son nom et ses œuvres. La curiosité scientifique, la réflexion pédagogique,

s'intéressent à la genèse de sa personnalité et de ses œuvres, au contexte dans lequel J'une et les

autres se sont épanouies, contexte que cette personne a d'ailleurs contribué à faire évoluer.

Au décès de son père en 1927, Thierno Abdourahmane Bah, alors âgé de onze ans avait appris à

lire et à écrire le Coran, premier cycle de l'enseignement traditionnel au Fouta-Djallon. Il s'inscrivit

chez Thierno Oumar Pereedjo à Dara-Labe, où il étudiera de 1927 à 1935. Thierno Oumar était un

des plus brillants disciples formés à l'école de Thierno Aliou, dont il était le neveu. Thierno

Abdourahmane Bah apprit auprès de son cousin la science islamique étudiée au Fouta-Djallon:

grammaire (nahaw), droit (fiqh), théologie (tawhid), ainsi que d'autres spécialités

(Fannu, Bayan, Tasrif, Maani). Le Tafsir (traduction commentée du Coran) marqua le terme normal

des études, et lui conféra, conformément à la tradition, le titre de Thierno.

Dès ses premières années d'études, Thierno Abdourahmane Bah manifeste des dons poétiques

réels qu'il exprime dans des morceaux de circonstance en langues arabe et Pular. Il continue

toujours cette activité littéraire dans les deux langues.

L'essentiel de son œuvre en Pular est publié ici sous le titre " Yheewirde Fuuta" (Survol du Fouta).

Les ouvrages en arabe ont été publiés sous le titre "Banaatul-Afkaarii" (Les Fruits de mes Pensées).

Parmi eux il convient de citer un tour de virtuosité poétique intitulé Magaalida 'Sa'aadaati"

(Hommage au Prophète). Ce poème fut originellement rédigé par son père. Utilisant une technique

d'écriture connue sous le nom de Takhmisu (porter à cinq), Thierno Abdourahmane Bah reprit la

structure originelle du poème, qui groupait les vers en strophes de deux unités. Il l'augmenta par

l'insertion de trois vers nouveaux au sein de chaque strophe. Résultat: un nouveau poème dont les

strophes (quinaires) comportent cinq vers chacune, et qui remplacent la structure binaire des

strophes du poème initial. L'insertion des nouveaux éléments maintient l'intégrité sémantique et

formelle avec la conservation des rimes et assonances de l'original.

Parmi les œuvres en Pular, l'une des plus connues est un hymne au Fouta-Djallon, composé en

1946, à l'occasion de la création de l'Association Gilbert Vieillard. Le poème rappelle les diverses

formes d'exactions subies par les Foutanke durant la Deuxième guerre mondiale. L'auteur y décrit la

beauté de son Fouta natal, les douceurs de l’environnement  physique. Il termine par un appel à

l'amour patriotique, l'éducation moderne, traditionnelle et religieuse de la jeune génération.

Un recueil de poèmes didactiques en Pular fut publié par la Commission culturelle de la République

de Guinée pour le Festival Africain des Arts et de la Culture (FESTAC '77), tenu à Lagos et à

Kaduna (Nigeria) en 1977.

Thierno Abdourahmane Bah, éminent homme de culture islamique Pular, a également dirigé de

multiples activités publiques, et exercé des fonctions administratives. Depuis 1957, il a participé à

plusieurs rencontres internationales islamiques. Parmi elles, il convient de citer notamment la

participation en 1957 à Dakar, à la création d'une association islamique, en 1964 au Caire, a un

colloque organisé par Majmoul Bouhousoul Islamiyya, et en 1977 à Nouakchott a un séminaire de

formation d'imams, organise par la Ligue Islamique Mondial Raabitatul Maalimul Islaamiyya.

Il fut maire-adjoint de la ville de Labé (1956-1959), puis commandant d'arrondissement dans

différents localités du Fouta-Djallon, de 1959 à 1974. Il fut:

Inspecteur des medersa, de 1974-76

Membre du conseil islamique national chargé du pélerinage a la Mecque, de 1976 à 1984.

Membre de l'Académie de droit islamique (Majmaoul Faghoul Islamiyya)

Ministre des affaires religieuses de la République de Guinée de 1984 à 1986.

Les épouses de Thierno Abdourahmane Bah sont :

  • Hadja Aye Boobo Kaade Diallo, mère de feu Elhadj Boun Oumar
  • Hadja Aissatou Tountouroun Sow, dont le fils aîné est Elhadj Safioulaye Bah
  • Hadja Lamarana Sall, dont le fils, Thierno Badrou, est l'Imam de la Mosquée Karamoko Alfa mo Labe.

Thierno Abdourahmane Bah est le père de 29 enfants vivants. Sa première épouse, Aissatou Diari

Diallo, mourut en 1958. Elle était la mère de feu El Hadj Ataoullahi Bah, l'aîné des fils de Thierno

Abdourahmane ; ingénieur  électricien, il devint à sa retraite Imam de la Grande Mosquée Karamoko

Alpha de Labé, de 2001 à sa mort subite en Octobre 2003.

Feue Hadja Binta Kompanya Bah (1916-2007) fut la deuxième épouse. Sa fille aînée, Hadja

Rayhanatu Bah, est pharmacienne à Labé. Tous les autres enfants adultes et adolescents de

Thierno Abdourahmane Bah ont fréquenté l'école francophone, nombre d'entre eux jusqu'au niveau

universitaire, comme les deux aînés que l'on vient de citer.

Bien que n'ayant jamais fréquenté l'école francophone, Thierno Abdourahmane Bah lit, écrit, parle et

comprend couramment le français, qu'il utilise dans ses communications avec les non-Halpular et

non-Arabisants.

Intellectuel accompli, il est toujours comme à la recherche d'une méditation, d'un thème poétique. Il a

adopté les produits du progrès moderne, qu'il a d'ailleurs célébrés dans "Kaaweeji Jamaanu men"

(Merveilles de notre époque).

Il fut l'un des premiers à Labé à acquérir un récepteur radio, et à s'éclairer à l'électricité. Il est

toujours également à la recherche d'une manière efficace d'éducation islamique populaire. C'est

ainsi qu'il institua à Labé un cours de formation public avec une heure de causerie, chaque

vendredi, sur des questions posées dans de lettres par les fidèles. Cette initiative connut un franc

succès dans tout le Fouta-Djallon, car les questions venaient de partout, et la fréquentation de la

Mosquée de Labé s'accrut considérablement.

Les causeries étaient données avant le sermon de l'Imam, feu El-Hadj Thierno Habib Bah, aîné de

Thierno. Thierno Abdourahmane Bah a exercé les fonctions de:

Imam de la grande Mosquée de Labé, de 1973 à 1983,
Imam de la grande Mosquée Faycal de Conakry, d'une capacité de 13 mille places
Imam de la grande Mosquée de Labé, de 1983 à sa retraite en 2005