Alfa Mamadou Sadio, chef du Diwal de Fougoumba

Alfa Mamadou Sadio, chef du Diwal de Fougoumba

Nous avons vu dans la biographie de Karamoko Alfa mo Timbo que les Sériyankés descendent de Séri, frère aîné

de Seydi père des Seydiyabhe. Nous savons d'autre part qu'à son arrivée dans le Fouta-Djallon, Séri occupa la

région de Fougoumba où il fonda un village du même nom. Lors de l'installation de l'islam dans le pays, ses

descendants prirent une part très active dans le combat commun. Alfa Sadio, qui fût un marabout très respecté, prit

la direction de Fougoumba et fut un vaillant et vigoureux soldat. C'est à Fougoumba que se réunit la première

assemblée sur l'organisation de l'islam dans le Fouta. C'est de là que partit la première expédition guerrière contre

les fétichistes. Alfa Sadio, qui conduisait la délégation de Fougoumba dans cette assemblée, fut désigné comme

chef de cette province. Sa part dans le partage des prérogatives du commandement fut très importante. En effet,

l'assemblée reconnut Fougoumba ville sainte où les Almamys seront solennellement couronnés, où ils passeront leur

retraite de sacre et où toutes les lois du pays seront votées. Il fût confié à Alfa Sadio, le rôle important de gardien de

la loi, veillant à ce que rien ne fut fait, dans la vie politique et sociale, en contradiction avec les prescriptions

coraniques. Certes, ce rôle fut appliqué suivant les circonstances et souvent il servit d'arme de vengeance contre

des adversaires. En l'honneur de son chef, Fougoumba fut également déclaré ville neutre. De ce fait, il fut interdit d'y

faire le moindre acte de subversion ou de guerre. Cette prérogative fat observée strictement pendant tout le temps

que le Fouta exerça son pouvoir. En mourant Alfa Sadio laissa une postérité énergique qui continua l'oeuvre qu'il

avait commencée. Les prérogatives dont il était bénéficiaire passèrent constamment à ses descendants qui surent

jouer un rôle efficace dans la marche des affaires du pays.

Le clan sériyanké de Fougoumba se subdivise en trois fractions, qui sont les :

Dibayankés
Dougayankés
Halmayankés

qui vécurent dans des bons termes jusqu'à l'arrivée de la colonisation française. C'est alors que les choses

changèrent brutalement. Nous verrons plus loin ce qui y arriva avec l'affaire d'Alfa Ibrahima Fougoumba et son fils

Boubacar dit Karo Diallo.


Thierno Mamadou Bah - Histoire du Fouta-Djallon - Des origines au XXe siècle