Fouta Djallon | Un personnage réservé (Guinéenews)

 

Un personnage réservé


 

 

 

 

Ibrahima Caba Bah, témoigne sur son oncle Thierno Abdourahmane Bah : « C’était un personnage réservé »

Pour vous édifier sur la vie et les œuvres de feu El hadj Thierno Abdourahmane Bah, imam ratib de la grande

mosquée Karamoko Alpha Mo Labé, l'ex secrétaire général de la ligue islamique régionale et commandeur de

l’ordre national du mérite, votre quotidien en ligne Guineenews.org est allé à la rencontre de son neveu El hadj

Ibrahima Caba Bah. dans cet entretien, il parle de l'homme et des oeuvres. Lisez !

Guinéenews : Quel est votre lien direct avec feu El hadj Abdourahmane ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Thierno Abdourahmane est décédé à l'âge de 97 ans. Il est né en 1916, et moi je

suis né 15 ans après. Donc, c'est mon ainé, et c'est mon oncle paternel. Il est l'avant dernier fils de Thierno Aliou

Dian. 

Guinéenews : Que retenez-vous d’El hadj Abdourahmane ?

El hadj Ibrahima Kaba Bah : Je ne me rappelle pas de sa jeunesse parce qu'il est mon grand frère ; mais il m'a

raconté et il y a un livre qu'on a écrit sur sa jeunesse, notamment ses études auprès de son père et de son cousin

Thierno Oumar Peredio de Dara Labé (sous préfecture) et puis ensuite sa formation personnelle permanente. Ce

qui caractérisait Thierno Aliou Bhoubha Dian, est qu'il ne se contentait pas seulement d'enseigner la traduction

littérale des livres islamiques. Il enseignait les gens, il les incitait une fois qu'ils savent lire, qu'ils sachent raisonner ;

à s'informer. Alors, Thierno Abdourahmane comme tous ses frères, il s'est constamment informé. Les indices de

cette volonté d'information permanente, c'est par exemple il fut une époque (il y a de cela 10 ans), il regardait tout le

temps la télévision, précisément les chaines arabes et il y avait une information sur la publication d'un ouvrage

islamique qui l’a intéressé. Alors, un de ses enfants allait en pèlerinage à la Mecque. Donc, il a ordonné à son fils de

lui ramener ce livre. A l'époque, il devait avoir 87 ans. C'est tout simplement pour vous prouver que même à cet âge,

sa curiosité intellectuelle était très vive. Ça c'est l'un des héritages de son père Thierno Aliou, parce que c'est le

caractère de tous ses frères.

Guinéenews : El hadj, dites nous, comment Thierno Abdourahmane a vécu avec les gens de Labé ?

El hadj Ibrahima Caba Bah :N'importe quel citoyen de Labé peut donner un témoignage valable pour ce qui est de

cette question. Mais, le mien que je donne pour une période un peu plus longue, parce que je l'ai côtoyé plus

longuement ; c'était un personnage réservé. Quand on le voit, il fait très sérieux, il fait austère, mais en réalité c'était

un personnage qui avait un sens de l'humour très développé. Mais évidement, le sens de l'humour il ne le manifestait

pas au premier venu. Il fallait s'être un peu habitué de lui. Il avait également le sens de la répartition que j'ai admiré

personnellement. A part ça, il s'occupait de ses affaires, il ne se mêlait pas des affaires d'autrui, en fin, il avait une

perception ou plus exactement une pratique de sa vie conforme à l'idée qu'on se fait d'un Islam tolérant et ouvert.

N'importe qui venait chez lui, qu'il soit un musulman de quelque secte que ce soit ou qu'il ne soit pas musulman,

Thierno Abdourahmane le recevait poliment et lui manifestait un respect même si le personnage lui ne manifestait

pas le respect suffisant. Disons que lui, il se comportait comme Dieu lui a prescrit de se comporter. Il ne jugeait

pas. 

Guinéenews : Que pouvez-vous nous dire pour ce qui est de son parcours, c'est à dire ses études et

pourquoi pas les postes qu'il a eu à occuper ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : D'abord pour ses études, il a commencé avec son père ; c'était l'un des derniers

élèves de son père puisque ce dernier est décède en 1927, Thierno Abdourahmane avait 11 ans. Alors, avant la

mort de Thierno Aliou, il avait recommandé à tous ces Talibés (élèves) d'aller à Dara-Labé où il y avait un de ces

neveux et élève nommé Thierno Oumar Peredjio Sow. C'est ainsi que Thierno Abdourahmane est allé à Dara-Labé,

où il a étudié le temps qu'ils ont estimé ; c'est à dire lui l'élève et le maitre suffisant pour sa formation. 

Guinéenews : Après Dara-Labé, a-t-il poursuivi ses études ailleurs ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Non, pas à ma connaissance. A son retour de Dara-Labé, il est rentré dans la vie

active. Il a même écrit un poème de remerciement en arabe à son cousin et maitre. Ces enfants doivent avoir ce

poème. 

Guinéenews : Et pour ce qui est des postes qu'il a eu à occuper que ça soit ici au plan local, national ou

international ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Bon, il a occupé des postes administratifs. D'abord, il a été adjoint au maire de Labé

; c'était si je ne m'abuse juste après l'indépendance parce que c'est à cette époque qu'on avait créé les communes ;

et il y avait deux sortes. Les communes de plein exercice et puis il y avait des communes mixtes ; à Labé ici c'était

une commune mixte.

Guinéenews : Avait-il une formation d'administrateur ?

El hadj Ibrahima Kaba Bah : Enfin, disons qu'il n'a pas été à l'école, mais parmi ses grands frères, voyons mon

père était instruit, Bappa (oncle paternel) Chaikou, Bappa Abdourahmane, Bappa Adoulaye également ; donc il

avait 4 grands frères qui avaient fait l'école. Il les fréquentait et comme il a une mémoire très développée, très

active, il a appris à parler français en les côtoyant. Je me rappelle même le jour qu'il a pris service comme maire

adjoint, il a prononcé un discours en français, en très bon français d’ailleurs. Bon, j'étais personnellement étonné

parce que cela s'est passé dans les années 1956. J'étais assez étonné que je suis allé le féliciter et lui ai posé ma

question. Il me dit non c'est mon frère qui l'a rédigé et puis me l'a donné, j'ai lu et j'ai récité. 

Guinéenews : A part ce poste de maire adjoint, on n'aurait appris qu'il a été ministre ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Oui, mais avant d'être ministre, il a été commandant d'arrondissement, c'était les

sous préfets de l'époque de la première république. Et ce, dans différentes villes du Foutah : Tougué, Timby

Madina, Thiaguel Bhory…

Guinéenews : En dehors de la Guinée, a-t-il occuper des postes de responsabilité ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Oui ! Un des premiers, ça été une association islamique qui a été créee par des

intellectuels arabisants à Dakar. Alors, il a été informé de cette création, puis il est allé assister à des assemblées

générales et a été membre actif de cette organisation. Je ne sais pas trop de quoi il s'occupait. Ensuite, il a été

nommé ministre au début de la deuxième république. Il était le ministre des affaires religieuses. C'était une

innovation, parce que sous la première république, on parlait de ministère des affaires islamiques. Donc, il a

occupé ce poste pendant 2 ou 3 ans, puis il a demandé à être relevé parce qu'il estimait qu'il avait atteint l'âge de la

retraite. En plus de cela, il faudrait noter que Thierno Abdourahmane a eu sous la première et la deuxième

républiques à intervenir plusieurs fois quand il y avait des tentatives de division. Dans la plupart des cas, il est allé et

il a réussi à ramener le calme. 

Guinéenews : El hadj Thierno Abdourahmane a été un fervent défenseur de l'islam, pensez-vous que

ceux qui assurent sa succession seront à la hauteur de la tâche qui leur sont dévolue ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Je le pense pour plusieurs raisons. D'abord, ceux qui tentent d'occuper les fonctions

qu'il a occupées ont la volonteé de bien faire, ça c'est le premier élément. Un des grands frères de Thierno

Abdourahmane m'a dit un jour que quand un musulman veut une chose licite, Dieu lui facilite. Donc, je sais que ceux

qui s'occupent de la religion de façon poussée, ont la volonté de poursuivre la voie de Thierno Abdourahmane. Et

ayant cette volonté poussée, je pense que Dieu va les soutenir pour qu'ils réussissent. 

Guinéenews : Parlez nous à présent du livre que vous avez écrit sur El hadj Thierno Abdourahmane ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : C'est ce que je connaissais de sa vie et ce qu'il m'a raconté quand je lui ai manifesté

mon intention de faire ce livre que je me suis servi pour rédiger ce livre dont vous parler. Le titre du livre c'est

Thierno Abdourahmane Bah. C’est d’ailleurs lui qui avait financé l'impression ; on a imprimé un certain nombre

d'exemplaires mais malheureusement je ne pense pas qu'il en existe maintenant sauf ceux qui ont acheté et qui

conservent. Personnellement, j'ai un exemplaire ici qui est le pré tirage.

Guinéenews : El hadj Ibrahima Caba, finalement que pouvez-vous nous dire de plus sur feu El hadj

Thieno Abdourahmane Bah ?

El hadj Ibrahima Caba Bah : Voila, il faut également souligner que Thierno Abdourahmane était un auteur, un

grand poète. Il a écrit des poèmes en poular qui sont admirables. L'un des premiers poèmes qu'il a écrit est

 intitulé hymne à la paix et au Foutah Djallon. Par ailleurs, un autre aspect qu’on n’a pas signalé, c'e sont les

causeries qu'il a faites à la radio rurale de Labé ; d’ailleurs ça commencé d'abord à la mosquée avant l'ouverture de

la radio. Ceci a permis de démystifier la religion musulmane ; ça permis d'encourager surtout les jeunes à

s'approcher de la religion. Ils se sont rendus compte que la religion est une chose agréable. 

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Elhadj Ibrahima C. Bah